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Adieu billets : sommes-nous prêts à tout payer sans cash ?

Imaginez un monde où les pièces et les billets ne sont plus qu’un souvenir, remplacés par des transactions entièrement numériques. Cette vision d’une société sans argent liquide séduit de nombreux pays, notamment en Europe. Mais est-elle vraiment à notre portée ? Et surtout, est-ce souhaitable ? Plongeons ensemble dans les coulisses de cette révolution monétaire qui intrigue autant qu’elle divise.

Pourquoi envisager une société sans espèces ?

De plus en plus de gouvernements et d’acteurs économiques voient dans la disparition des espèces une promesse de modernité, pour de nombreuses raisons. Premièrement, il y a la question de la commodité : le paiement dématérialisé nous facilite la vie au quotidien. Plus besoin de chercher de la monnaie au fond des poches ou de courir au distributeur ; un simple geste suffit pour payer, et c’est réglé. C’est rapide, efficace et ça colle très bien à notre époque où tout va vite.

La sécurité est un autre argument souvent évoqué. Moins il y a de billets et de pièces en circulation, moins on risque les vols et les fraudes liés à l’argent liquide. Cela touche aussi les professionnels, qui voient baisser le risque d’attaques ou de cambriolages.

Mais la principale raison avancée par les gouvernements reste la traçabilité totale des transactions. Chaque paiement laisse une trace numérique, ce qui facilite la lutte contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale. Cela permet de rendre l’économie plus transparente, même si ce n’est pas sans soulever d’autres interrogations… En Scandinavie, la Suède s’est positionnée en tête de cette tendance : aujourd’hui, moins de 10 % des dépenses des particuliers s’y font en liquide. Bref, le phénomène progresse, mais il n’est pas (encore) universel. Car cette évolution n’est pas sans conséquences.

Quels sont les défis d’une société sans argent liquide ?

Derrière ce tableau séduisant, il vaut mieux ouvrir les yeux sur les freins importants à la société cashless. D’abord, la question de l’exclusion financière inquiète. Tout le monde n’est pas à l’aise avec le numérique : certaines personnes âgées, des ménages modestes ou des habitants de zones rurales peu connectées se retrouvent vite en difficulté face à la digitalisation des paiements. Quand on dépend du liquide pour aller faire ses courses ou payer de petites dépenses, la dématérialisation peut créer un sentiment de mise à l’écart.

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L’autre gros point noir, c’est la dépendance totale à la technologie. Que se passerait-il en cas de coupure de courant géante, de panne réseau ou de cyberattaque majeure ? Sans internet, impossible d’acheter ne serait-ce qu’une baguette. Cela peut sembler exagéré, mais en Suède, les autorités ont justement conseillé à la population de garder toujours assez de billets pour survivre au moins une semaine lors d’une crise — preuve que le « tout-virtuel » n’est pas sans danger.

Dernier facteur, et pas des moindres, la protection de la vie privée. Si chaque paiement, même le plus anodin, laisse une empreinte numérique, on ouvre grand la porte à la surveillance. Cela pose question sur la confidentialité de nos achats, des données qui pourraient être analysées par des entreprises ou même par l’État. À vouloir trop contrôler, ne risque-t-on pas de sacrifier une part de liberté ? Les autorités suédoises elles-mêmes l’ont reconnu : il faut trouver un équilibre entre innovation, efficacité et inclusion, afin de ne pas laisser les plus fragiles de côté en cas de crise.

Les cryptomonnaies peuvent-elles remplacer l’argent liquide ?

Face à l’essor rapide du paiement électronique, certains voient dans les cryptomonnaies une potentielle solution. Des figures comme Vitalik Buterin, cofondateur d’Ethereum, imaginent un futur où ces monnaies numériques prendraient le relais du liquide pour une société plus indépendante des banques. Mais cela reste encore un sujet compliqué et il faut faire preuve de prudence.

Les cryptos ont tout pour séduire : leur décentralisation les rend insensibles au contrôle d’un seul acteur et les transactions sont souvent réalisées directement entre particuliers, sans passer par un intermédiaire bancaire. Le modèle pair-à-pair rappelle la souplesse du liquide : tu passes des euros à une amie, c’est simple, rapide et confidentiel.

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Néanmoins, ces monnaies numériques ne sont pas sans failles. Leurs valeurs peuvent fluctuer extrêmement vite, ce qui complique leur usage pour des achats quotidiens. De plus, même si l’anonymat existe sur certaines blockchains, toutes les transactions restent enregistrées, parfois de façon publique, ce qui peut rendre la promesse de confidentialité assez relative. Et puis, il faut bien le dire : aujourd’hui, peu de magasins acceptent directement les paiements en cryptomonnaie dans la vie courante. Au-delà des obstacles techniques, la réglementation étatique peine à s’adapter à ce nouvel univers, ce qui bloque encore l’adoption massive.

Pour aller plus loin sur ce sujet, tu pourrais t’intéresser à la façon dont certaines entreprises testent la crypto dans leur modèle économique, comme celle qui se demande si investir massivement dans le Bitcoin serait la solution à ses difficultés financières. La réalité, elle, c’est qu’aujourd’hui, les cryptomonnaies sont loin de pouvoir remplacer le liquide de manière généralisée, même si elles ouvrent des pistes passionnantes vers le futur.

Alors, sommes-nous prêts à dire adieu à l’argent liquide ? Rien n’est moins sûr. Les avantages de la dématérialisation sont réels, mais les défis à relever sont immenses : inclusion, sécurité, résilience en cas de crise… Peut-être qu’un futur sans billet n’est ni tout à fait une utopie, ni tout à fait un mirage, mais il faudra veiller à ne laisser personne sur le bord du chemin. Et vous, que ferez-vous la prochaine fois qu’on vous demandera : « Vous payez en liquide ou par carte ? »

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